vendredi 26 décembre 2014

Le Royaume, Emmanuel Carrère



Auteur : Emmanuel Carrère
Edition : P.O.L
Dépôt légal : Septembre 2014
Prix : 23,90 €

Résumé de l'éditeur: A un moment de ma vie, j'ai été chrétien. Cela a duré trois ans. C'est passé. Affaire classée, alors? Il faut qu'elle ne le soit pas tout à fait pour que, vingt ans plus tard; j'aie éprouvé le besoin d'y revenir. Ces chemins du Nouveau testament que j'ai autrefois parcourus en croyant, je les parcours aujourd'hui - en romancier? en historien? Disons enquêteur.







« Quand j'aborde un sujet, j'aime bien le prendre en tenailles. »


Notre avis: Un livre long mais qui ne manque pas de richesses sur la religion catholique. Il invite à réfléchir, croyants ou non, sur quelques points qui le tourmentent ou qui le fascinent dans cette religion monothéiste. Mais par le biais de cette réflexion, on apprend beaucoup sur l'histoire des débuts de la chrétienté en suivant l'histoire de Paul et Luc.
Mais Le Royaume est une manière aussi, de mon point de vue en tout cas, de découvrir Emmanuel Carrère sous un autre jour qui est la religion et la foi. Il explique son expérience, ses rencontres mais aussi ses doutes et ses peurs. 
En bref, un livre enrichissant qui mène le lecteur à une réflexion avec l'auteur, créant ainsi un échange et un découverte intéressante sur la vie de l'auteur.


« En quelques mots : à l'automne 1990, j'ai été - touché par la grâce, c'est peu dire qu'il me gêne de formuler ainsi les choses aujourd'hui, mais c'est ainsi que je les formulais à l'époque. »

Le Ruban, Ito Ogawa



Auteur : Ito Ogawa
Traducteur : Myriam Dartois-Ako
Edition : Philippe Picquier
Dépôt Légal : Septembre 2014
Prix : 19,50 €

Résumé de l'auteur : Cela commence comme un conte par une grand-mère, une petite fille et un oiseau.
Une grand-mère fantasque et passionnée d'oiseaux tourve un oeuf tombé du nid, le met à couver dans son chignon et donne à l'oiseau qui éclot le nom de Ruban. Car cet oiseau, explique-t-elle solennellement à sa petite-fille, est le ruban qui nous relie pour l'éternité.
Un jour, l'oiseau s'envole et pour les personnes qui croisent son chemin, il devient un signe d'espoir, de liberté et de consolation.
Ce roman grave et lumineux, où l'on fait caraméliser des guimauves à la flamme et où l'on meurt aussi, comme les fleurs se fanent, confie donc à un oiseau le soin de tisser le fil de ses histoires. Un messager céleste pour des histoires de profonds chagrins, de belles rencontres, et de bonheurs saisis au vol.



« Sumire adore les oiseaux. »

Notre avis : Je crois que c'est un de mes coups de cœur de la rentrée littéraire. Le monde d'Ito Ogawa regorge de couleurs, de saveurs, de poésies et de mélodies qui donnent une ambiance calme et douce au roman, même si les thèmes abordés peuvent être tristes et durs. Par exemple on y rencontre une femme tombée gravement malade, ou une mère qui perd son enfant. Par sa plume, l'auteur nous livre un roman plein d'espoir et inonde le lecteur. C'est l'histoire de personnages différents et variés qu'on découvre à une période de leur vie. Tous rencontrent un oiseau aux plumes jaunes qui semble apporter quelque chose de plus à leur vie. De plus, Ito Ogawa accorde une importance aux saveurs: l'évocation de divers plats asiatiques apportent de l'exotisme dans le roman et met l'eau à la bouche !
En bref, c'est un livre doux et poétique qui mérite d'être lu dans un fauteuil bien moelleux avec une tasse de café sucré ou de thé !


« - L'enveloppe de pâte de riz est le corps, la pâte de haricots rouges, c'est le coeur, et la fraise au centre est l'âme, c'est tout à fait ça. Hibari, à votre avis, quel est l'essentiel dans le daifuku à la fraise?
- La fraise ! »

mardi 2 décembre 2014

Fox-Boy, Tome 1 : La nuit du renard, Laurent Lefeuvre


Auteur : Laurent Lefeuvre
Éditions : Delcourt
Dépôt légal : Septembre 2014
Prix : 14,95 €

Résumé de l'éditeur : Super-héros contre son gré, don du ciel ou malédiction ? Pol, adolescent rennais, va découvrir que les nouveaux et spectaculaires pouvoirs dont il se trouve investi vont très rapidement lui poser quelques problèmes. Alors qu'il fuit les représailles d'une bande de son lycée, Pol trouve refuge dans l'échoppe d'un mage. Devant le ton péremptoire du jeune home, celui-ci lui inflige une antique malédiction : Pol devient un renard-garou. Ravi dans un premier temps, il se retrouve vite confronté à la réalité...




« Pourquoi les super-héros se déplacent en groupe ? Si quelqu'un se marre en les voyant défiler... Ils peuvent toujours se dire que c'est le voisin qui est visé ! »

Notre avis : Une petite histoire de super-héros breton sympathique à lire et à découvrir... Voilà ce qu'est Fox-Boy de Laurent Lefeuvre. Dans ce comics français, avouons que juste cet aspect fait plaisir, l'auteur nous livre l'histoire d'un jeune homme que personne n'aurait souhaité avoir dans sa classe. Pédant et sûr de lui, toujours prêt à faire des crasses à son entourage, il est l'archétype même du sale gosse. Mais un jour, un de ses camarades décide de lui mettre une sacré correction. S'en suit une course poursuite qui l'amène à cet étrange magasin où il se fait transformer en renard-garou. Oui c'est étrange et c'est ce qui fait la force de ce comics. Tout est étrange, la forme du scénario qui s'ouvre sur un flash back un peu déroutant, la façon dont il se transforme en super-héros, la façon dont le héros, Pol, reprend le contrôle de sa vie, comme pour se dédouaner tout autant que la chute de ce tome 1. Le dessin est également un peu dérangeant à l'image du scénario. Il est sombre, un peu nouvelle vague avec des contours parfois flous mais une compréhension totale de l'image tout en restant dans l'esprit du comics américain avec les codes couleurs plutôt flashy, des titres mis en avant et un gaufrier dynamique. En bref un univers graphique particulier et original. L'auteur a également sût glisser dans son comics bon nombre de références à la pop-culture avec intelligence, par le biais de ses personnages, adolescents du XXIè siècle, ce qui ne gâche en rien notre plaisir. Petit note originale et plus qu'appréciable : Laurent Lefeuvre nous propose au début de Fox-Boy une courte playlist pour apprécier un peu plus cet univers.
À lire si vous en avez marre du comics américain et si vous aimez beaucoup les renards (garous) ! (Et les crêpes...)

« On sait tout de suite qui est le bon et qui est le méchant... Et on ne lira pas demain "Héros ou menace ?" sur mon compte demain à la une du journal. »


Zombie Ball, Paolo Bacigalupi



Auteur : Paolo Bacigalupi
Traducteur : Sara Doke
Éditions : Au Diable Vauvert (Jeunesse)
Dépôt légal : Septembre 2014
Prix : 15€

Résumé de l'éditeur : Comment stopper une invasion de zombies avec des battes de Baseball ? Rabi, Miguel et Joe jouent près de l'abattoir de la ville, il s'en dégage une terrible puanteur. Les adolescents mènent l'enquête et découvrent que l'alimentation toxique des vaches les transforme en Zombies ! Les fast-foods de la région regorgent de burgers contaminés...




« Perdre ça craint. »

Notre avis : Une petite merveille ! Paolo Bacigalupi nous régale une fois de plus avec un de ses romans engagé et jubilatoire. Une apocalypse zombie ? Vu et revu me direz vous ? Mais c'est tout le contraire qu'il se passe ici. Malgré un statut de roman jeunesse, Zombie Ball est chargé de messages politiques et sociaux qui remettent en cause la société américaine. Le message le plus évident est, sans aucune doute, de mettre en garde contre ce qui se trouve dans nos assiettes. Après tout, l'apocalypse zombie commence bien dans un abattoir peu scrupuleux qui ne se soucie que de ses bénéfices. Mais ce n'est pas tout, oh non. L'auteur nous livre ici une critique acerbe de la politique d'immigration aux États-Unis à travers le personnage de Miguel, adolescent dont les parents sans papiers ont été renvoyés au Mexique, le laissant seul chez son oncle dans une situation toute aussi irrégulière que ses parents. Ce roman est une apologie de l'entraide et de l'acceptation de l'autre, tout autant qu'un roman complètement déjanté au service du bio. Il faut bien l'avouer, l'humour et les références geek ne gâchent aucunement le plaisir que l'on ressent à la lecture de ce petit bijou du roman apocalyptique jeunesse. Et puis... Les protagonistes sont tous complètements fous. Un Indien fan de statistiques, un Mexicain qui ne pas espagnol mais qui n'hésite pas à user de ses poings et un parfait petit Américain complètement perdu dans son monde de jeux vidéos et de comics... L'équipe de choc ! Le tout servit bien sûr avec l'écriture claire et fluide de Paolo Bacigalupi pour couronner le tout.
Comme vous l'aurez compris, si vous aimez les zombies, les histoires farfelues et engagées, foncez ! (Mais n'oubliez pas votre batte... Vous pourriez en avoir besoin.)

« Adultes responsables. Il faut bien l'admettre. Ils disent qu'ils sont responsables, mais la moitié du temps, ils empirent les choses, et l'autre moitié, ils sont tellement débiles qu'on n'a plus besoin d'eux. »


Bibliographie de l'auteur :




- La Fille automate (The Windup Girl), Au Diable Vauvert 2012
- Ferrailleurs des mers, tome 1 (Ship Breaker, book 1), Au Diable Vauvert 2013
- Ferrailleurs des mers, tome 2 (Ship Breaker, book 2), Au Diable Vauvert 2013
- La Fille flûte et autres fragments de futurs brisés (Pump Six and Other Stories), Au Diable Vauvert 2014
- L'Alchimiste de Khaim (The Alchemist) , Au Diable Vauvert 2014
- Zombie Ball (Zombie Ball Beatdown), Au Diable Vauvert 2014
- The Doubt FactoryLittle, Brown Books for Young Readers octobre 2014

À paraître : The Water Knife, Orbit mars 2015


Trente-six chandelles, Marie-Sabine Roger

Auteur : Marie-Sabine Roger
Édition : La Brune au Rouergue
Dépôt légal : Août 2014
Prix : 20 €

Résumé de l'éditeur : Allongé dans son lit en costume de deuil, ce 15 février, à l'heure de son anniversaire, Mortimer Decime attend sagement la mort car, depuis son arrière-grand-père, tous les hommes de sa famille sont décédés à onze heures du matin, le jour de leurs 36 ans. La poisse serait-elle héréditaire, comme les oreilles décollées ? Y a-t-il un gêne de la scoumoune ? Un chromosome du manque de pot ? Que faire de sa vie, quand le chemin semble tout tracé à cause d'une malédiction familiale ? Entre la saga tragique et hilarante des Decime, quelques personnages singuliers et attendrissants, une crêperie ambulante et une fille qui pleure sur un banc, on suit Mortimer finalement résigné au pire. Mais qui sait si le Destin et l'Amour, qui n'en sont pas à une blague près, en ont réellement terminé avec lui ?
Dans son nouveau roman, Marie-Sabine Roger fait preuve, comme toujours, de fantaisie et d'humour, et nous donne une belle leçon d'humanité.


« Mourir, c'était donc ça : un truc définitif et plutôt emmerdant. »

Notre avis : D'après ce que j'avais lu de la quatrième de couverture je ne m'attendais pas à ça. Mais j'ai été agréablement surprise de voir que je m'étais trompée. Le livre s'ouvre sur le personnage de Mortimer qui attend que la mort arrive comme le veut la tradition familiale, à l'exception que rien ne se passe. On le suit alors dans son incompréhension, ses réflexions, ses questionnements. Je me suis complètement laissée prendre au jeu tant j'étais dans la peau du personnage.
Le roman est constitué de quatre parties : l'explication de la malédiction de la famille Decime, quelques exemples farfelus sur les morts de ses aïeux, l'histoire d'amour qu'a eu Mortimer avec l'étrange Jasmine, et enfin les réflexions du héros sur quoi faire de sa vie, quand finalement on en a une. Le livre est très agréable à lire et l'ennuie n'est jamais là. L'histoire du premier plan, Mortimer qui explique ce qui lui arrive à ses deux amis, est entrecoupée d'anecdotes et de souvenirs. Les personnages sont haut en couleurs, extraordinaires et touchants. On n'en aurait presque pas assez !
Bien sur, arrive la question qu'on se pose tous : pourquoi n'est-il pas mort finalement ? Sachez que la réponse est surprenante et loin d'être décevante ! Mais ce que j'ai préféré dans ce livre reste la fin ouverte. L'auteur donne évidemment quelques pistes sur le futur de ce pauvre Morty, mais c'est au lecteur d'imaginer la fin. Il peut être cruel ou sympathique, décider de lui mener la vie dure ou lui offrir une jolie happy end.


La fractale des raviolis, Pierre Raufast

Auteur : Pierre Raufast
Édition : Alma Éditeur
Dépôt légal : Juin 2014
Prix : 18 €

Résumé de l'éditeur : Il était une fois une épouse bien décidée à empoisonner son mari volage avec des raviolis. Mais, alors que s'approche l'instant fatal, un souvenir interrompt le cours de l'action. Une nouvelle intrigue commence aussitôt et il en sera ainsi tout au long de ces récits gigognes. Tout ébaubi de voir tant de pays, on découvre les aventures extraordinaires d'un jeune garçon solitaire qui, parce qu'il voyait les infrarouges, fut recruté par le gouvernement ; les inventions stratégiques d'un gardien de moutons capable de gagner la guerre d'Irak ; les canailleries d'un détrousseur pendant l'épidémie de peste à Marseille en 1720 ou encore la méthode mise au point par un adolescent sociopathe pour exterminer le fléau des rats-taupes. Véritable pochette surprise, ce premier roman ajoute à la géométrie rigoureusement scientifique, la collision jubilatoire du probable et de l'improbable.



« Je suis désolé, ma chérie, je l'ai sautée par inadvertance. »

Notre avis : S'il ne fallait donner qu'un mot pour décrire ce livre, je choisirais probablement le terme « invraisemblable ». Les premiers chapitres nous décrivent l'histoire de celle qui semble être l'héroïne, bien qu'anonyme, de l'ouvrage. Cependant, au fil des pages, le récit nous entraîne de plus en plus loin vers des histoires plus incroyables les unes que les autres. Le fameux plat de raviolis renvoi à l'histoire d'un bijou qui lui même nous ramène à une homme qui ne voit qu'en infrarouge et ainsi de suite, pour revenir en chemin inverse.
Ce livre pourrait être un recueil de nouvelles s'il n'avait pas ce schéma étrange d'aller-retour, qui en même temps donne toute l'énergie du récit. J'ai d'abord été inquiète en réalisant que je n'aurai le dénouement de la tentative de meurtre qu'au dernier chapitre. Mais finalement, les histoires sont si captivantes qu'on se laisse aller à apprécier chacune d'entre elle. On oublierait presque ce qu'on a lu précédemment. Les récits sont très différents les uns des autres et ainsi chaque lecteur pourra y trouver son bonheur. Cependant, on retrouve dans chacune des histoires le même ton cynique et un certain humour noir. Pierre Raufast est sans pitié pour ses personnages et chaque chute est d'une surprise incroyable, particulièrement celle de l'histoire principale : le plat de ravioli.